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Conduite d'une démarche qualité

Plan
1. L'art de manier l'outil
2. L'entreprise une réalité complexe
3. Le changement
4. Le diagnostic pour commencer
5. Des conseils pour conduire le changement
6. Politique et stratégie
7. Mise en place d'un système de management de la qualité

8. Du bon usage de la famille des normes ISO 9000
 

1. L’art de manier l’outil

La norme ISO 9001 n’est qu’un moyen, un outil ou un modèle, il ne faut pas perdre de vue que

la façon dont la main manie l’outil
est toujours plus importante que l’outil lui-même.

2. L’entreprise une réalité complexe

Complexe ou compliqué ?

Il faut distinguer ce qui est complexe de ce qui est compliqué. Un logiciel informatique, une machine à commande numérique peuvent être qualifiés de compliqués mais non complexes.

L’entreprise, qui est constituée de machines, de locaux, de finances, d’une organisation, de méthodes, qui appartient à un secteur économique particulier, possède une histoire, une culture propre mais qui est avant tout constituée par des hommes est une entité complexe.

La complexité d’après Joël De Rosnay est attribuable aux facteurs suivants :

Grande variété des composants possédant des fonctions spécialisées ;
Eléments organisés en niveaux hiérarchiques internes
Interactions non-linéaires
Grande variété de liaisons possibles

On retrouve justement ces éléments dans l’entreprise, on peut affirmer que les systèmes d’activité humaine sont complexes.

 

La qualité, un problème ou une problématique?

Pour résoudre les situations compliquées on parlera plutôt de poser un problème, par contre pour les situations complexes, multidimensionnelles, en fait pratiquement toutes celles où interviennent des facteurs humains on parlera de problématique. Le domaine de la qualité peut être qualifié de complexe et les situations examinées devront plutôt être posées en terme de problématique.

Aborder la complexité

L’approche traditionnelle vise à séparer une problématique en plusieurs problèmes, en les simplifiant, en les réduisant à leur plus simple expression. Cette vision mutilée des phénomènes conduira nécessairement à des actions mutilantes, qui n’auront considéré qu’un aspect de la réalité. Ainsi dans l’entreprise, l’aspect technique ou l’aspect financier sont souvent considérés isolément des aspects humains, et on connaît le résultat : les changements voulus ne s’opèrent pas, démotivation, gâchis dans l’emploi des compétences, etc.

Le principe de complexité demande à relier tout en distinguant (Edgar Morin)

3. Le changement

L’entreprise est condamnée à évoluer en permanence sous peine de disparaître, le changement est donc à l’ordre du jour, en particulier dans le cadre de la démarche qualité.

Est ce facile ? Malheureusement non, c’est dans la nature humaine. Le maintien d'un équilibre acquis est difficile à modifier, c'est la propriété d'homéostasie "demeurer constant" (découverte par le physiologiste Walter CANNON en 1932, à propose de l'organisme humain). Cette propriété s'applique à de nombreux systèmes (voir à ce sujet le Macroscope de Joël De Rosnay)

On trouve toujours quelques bonnes excuses pour ne pas changer…

Nous avons déjà essayé cela auparavant.
Cet endroit est différent.
Cela coûte trop cher.
Cela dépasse le cadre de nos responsabilités.
Nous sommes bien trop occupés pour faire cela.
Ce n’est pas de mon ressort.
Ce changement est trop radical.
Nous n’avons pas le temps.
Il n’y a pas assez d’aide.
C’est trop petit ici.
Ce lieu ne s’y prête pas.
Les employés ne l’accepteront jamais.
Les syndicats s’y opposeront violemment.
Nous ne l’avons jamais fait auparavant.
Cela va à l’encontre des règlements.
Pourquoi changer ? Cela fonctionne encore bien.
Cela peut fonctionner dans votre département mais pas dans le mien.
Nous avons toujours procéder ainsi.

4. Le diagnostic pour commencer

" La qualité ce n’est pas une destination mais un voyage "

La démarche qualité est un voyage proposé à l’entreprise vers la destination " excellence ", jamais atteinte parce que toujours redéfinie à mesure que l’on avance, mais qui doit rester le phare qui guide.

Elle se mènera par projets successifs, de petites tailles afin de créer une dynamique du succès.
Il n’y a pas de Recette ou de Méthode toute faite pour la démarche qualité. la recherche de la méthode se fait chemin faisant. (voir à ce sujet les travaux d'Edgar Morin sur la complexité, ou il aime citer le poète espagnol Antonio Machado "Caminante no hay camino, Se hace camino al andar"

Elle dépend de la spécificité de l’entreprise :

Taille
Type d’activité - secteur
Positionnement sur le marché
Personnalité des dirigeants
Type de management pratiqué
Ressources disponibles
Histoire de l’entreprise
Culture de l’entreprise
Influence des syndicats, etc.

Une stratégie de mise en place d'une démarche qualité peut parfaitement fonctionner dans le contexte d'une entreprise A et être un fiasco dans le contexte d'une entreprise B. C'est cette contingence qui rend ce métier passionnant.

La phase de préparation commence par le diagnostic. Cette phase essentielle ne doit pas être trop courte, il s'agit de bien préparer la future démarche.

Un voyage nécessite de connaître la station de départ, la première destination choisie, le trajet adopté et la position tout au long de ce trajet.

Savoir où l’on est
Savoir où l’on veut aller
Avec qui
Comment

La description de la situation initiale peut être facilitée en utilisant le fascicule de documentation X50-170 Diagnostic qualité

outre le recueil systématique de données chiffrées (approche factuelle) :
- Niveau des indicateurs
- Coûts relatifs à la qualité, etc.

Une analyse psycho sociale devra être menée afin de conduire le changement de manière pertinente.

5. Des conseils pour conduire le changement

Afin de ne pas se retrouver dans le scénario bien connu " plus on change, plus c’est la même chose " il apparaît incontournable de maîtriser le changement.

La pérennité d’une organisation et donc des emplois qui la constituent, tient aujourd’hui pour une grande part dans sa capacité à évoluer, à s’adapter, voire à anticiper face aux besoins nouveaux de ses clients, tout en prenant en compte son environnement changeant lui aussi.

L’évolution de l’organisation, qui va souvent de pair avec une démarche qualité se donne pour buts :

de rechercher la synergie optimale du groupe (force résultant d’une part des compétences particulières de chacun dans les domaines qui lui sont propres et d’autre part de l’émergence de ce groupe d’individus d’une aptitude particulière à résoudre des problèmes complexes que chaque individu pris séparément ne pourrait traiter).

d’améliorer l’efficience de l’organisation dans l’atteinte de ses objectifs (convergence des buts de l’organisation et des individus, faibles distorsions dans les communications horizontales ou verticales, conscience de la part de chacun des interrelations existantes au sein de l’organisation elle même et avec son environnement).

Ce type de relations, basé principalement sur les travaux de groupe et le partage des connaissances se traduit parfois par une perte d’espace de liberté ou une restriction de la zone d’initiative individuelle. Ces personnes ont l’impression de perdre leur pouvoir.

Cette possibilité d’initiative étant indispensable à toute personne dans le cadre de sa motivation et donc de sa capacité à créer, le véritable problème posé est celui de la conciliation entre les besoins individuels et les buts de l’organisation.

L’adhésion initiale au projet, la prise en compte des avis, l’implication des personnels et la communication permanente s’inscrivent donc dans le cadre de la prévention au phénomène de résistance au changement.

A partir d’un besoin exprimé par l’entreprise qui souhaite conduire un projet qualité (ou projet appelé autrement mais qui vise à améliorer la performance globale de l'entreprise) , concernant la situation actuelle, il s’agit de préciser les contours de la mission, en tout cas dans un premier temps de mieux définir la situation de départ.

Cette mission consistera à passer d’une situation initiale A donnée a priori comme non satisfaisante, à une situation finale B en fin de mission conforme à un objectif précis quantifiable et réalisable.

Ce travail implique la conduite d’un changement, ce qui va amener chacun à modifier quelque peu ses habitudes de travail.

Tout le monde est sujet plus ou moins à une certaine résistance au changement, dont les origines peuvent être :

Crainte de ne pas tenir compte de l’avis des intéressés
Inertie inhérente à la nature de chacun
Anxiété engendrée par la perspective du changement
Tendance chez chacun à éviter de se désolidariser de la norme admise par le groupe.

La construction dans l’esprit de chacun d’une vision partagée d’un futur allant vers un but désiré de tous apparaît alors comme un préalable incontournable à la réussite d’un changement.

C’est dans cette optique qu’il apparaît essentiel d’associer les personnes concernées aux différentes phases de ce changement, et en particulier dès la phase diagnostic.

Actions

But à atteindre

Outil possible

Séance de définition de la problématique Informer et recueillir l’adhésion de tous sur un projet par la construction d’une vision partagée .

Affirmation de sa propre place en tant que conseil ou faciliteur au bénéfice de la structure dans son ensemble

diagramme d’affinités
Interview des personnels Mettre à jour les " vrais problèmes " éventuels cachés derrière des insatisfactions exprimées.

Cette " confession " parfois délicate sur certains aspects doit respecter une déontologie à même de ne gêner personne (dépersonnalisation des problèmes).

Prendre en compte les souhaits des personnels sur la manière dont ils veulent être impliqués personnellement.

guide d’entretien
Compte rendu de diagnostic Impliquer les personnes par le choix des sujets de travail retenus et des objectifs à atteindre. Vote

Matrice de décision

6. Politique et stratégie

Avant d'aller plus loin il est important de bien situer les termes de politique et de stratégie

La politique d’entreprise

L’entreprise en tant qu’acteur de la vie économique a besoin de se situer sur le marché, pour cela elle doit apporter des réponses aux questions de base suivantes qui vont constituer ses objectifs généraux:

Quel est mon métier ?
Quels sont mes produits ou mes services ?
Quels sont mes clients ?
Quels sont mes concurrents ?

La réponse à ces différentes questions va constituer la politique de l’entreprise.

La politique relève de la direction générale et à ce titre elle considère l’entreprise comme une totalité, alors que les autres fonctions n’en concernent qu’un aspect (marketing, production, finances). Cette politique concerne donc un domaine spécifique, celui où pourra s’exercer la liberté des dirigeants de choisir tel métier, tel produit et tel client par rapport à tel environnement concurrentiel.

La stratégie

L’exercice de cette liberté, donc des choix qui seront faits et des modifications qu’il faudra faire, vont constituer la stratégie.

Il existe de nombreux modèles (comme ceux développés par l’université de Harvard dans les années 60) qui permettent d’aider à l’exercice de ces choix.

Prendre des décisions, fondées sur un diagnostic précis de l’entreprise dans son environnement de façon à atteindre des objectifs de survie et de développement dans un univers concurrentiel et changeant qui exige des adaptations et des innovations : telle est la raison d’être de la stratégie de l’entreprise.

Nota : Ce terme " stratégie " d’origine grecque se réfère au général qui décide de positionner ses troupes sur le champ de bataille. Il s’agit donc d’une analogie quand on l’emploie dans le domaine de l’entreprise où le concurrent est parfois comparé à l’ennemi. Heureusement il existe aussi des stratégies de coopération !

Différence entre programme et stratégie

La stratégie n’est pas figée une fois pour toute, elle n’est pas programmée et planifiée dans le menu détail, il convient donc de distinguer un programme et une stratégie.

Le programme constitue une séquence d’actions définies dans le détail et qui s’enchaînent les unes aux autres.

La stratégie est opposée au programme. Elle se construit au cours de l’action et suppose de la part de celui qui l’élabore :

L’aptitude à entreprendre dans l’incertitude
L’aptitude à modifier les actions menées en fonction des aléas et des nouveautés qui apparaissent en cours de route

La stratégie pourra comporter des segments programmés, mais elle est par nature évolutive.

une bonne définition de la stratégie: "La stratégie est la conduite raisonnée d'une action dans une situation et un contexte comportant incertitude et éventuellement dangers. Une stratégie s'élabore en fonction de finalités et de principes, envisage divers scénarios possibles du déroulement de l'action, choisit celui qui lui semble le plus adéquat selon la situation: tantôt il vaut mieux accepter un scénario qui minimise les risques mais également les chances, tantôt il vaut mieux choisir un scénario qui maximise les chances mais également les risques" ("Terre - Patrie" Edgar MORIN)

La stratégie doit considérer délibérément le futur comme incertain, non donné mais à construire.

On parle aussi de la prospective, qui est l’art par lequel s’inventent peu à peu les contours du futur, se distinguent les frontières du souhaitable et du possible et se découvrent les chemins à emprunter

" Gardons le souhaitable en point de mire, mais mettons en œuvre le possible " (31/12/2000 Jacques CHIRAC à propos de la construction européenne)

7. Mise en place d'un système de management de la qualité

Travailler avec un conseil
Il peut s’avérer nécessaire d’avoir recours à une aide extérieure pour conduire cette démarche. Certaines vérités passeront plus facilement si elles sont dites par quelqu’un de l’extérieur. Le regard détaché du cabinet conseil peut aider l’entreprise à mieux comprendre ses propres carences qu’elle finit par ne plus voir tant elles font parties de son quotidien.

Attention toutefois à ce que le conseil ne se substitue ni au chef d’entreprise, ni au responsable qualité, ni aux différents acteurs du changement qui doivent définir eux mêmes les procédures qui les concernent.

Attention également aux méthodes toutes faites qui ont bien fonctionner ailleurs, chaque entreprise est spécifique, le bon remède pour celle-ci ne sera pas le même pour celle-là. (importance du diagnostic).


Pour d'autres informations sur la mise en place d'un système de management de la qualité, je vous renvoie au travail très complet de Nathalie Diaz.

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