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Jazz et Qualité

L'auteur du site
Site personnel de René Séon consacré au jazz et à la qualité





Quand le jazz est là

    Europe 1 dans les années 60 avait décidé de s'adresser à un auditoire ciblé d'amateurs de jazz en intitulant son émission "Pour ceux qui aiment le jazz". Le propos est ici de s'adresser à tous les autres. En effet, le jazz en France représente aujourd'hui moins de 5% des ventes de disques. Puisse cet article aider à sortir le jazz du ghetto culturel dans lequel l'enferment les médias et faire découvrir au plus grand nombre cet art majeur du Xxème siècle. Et comme pour aimer mieux, il faut comprendre mieux, voici un petit parcours initiatique au jazz.

LE JAZZ A CENT ANS

    Vers 1890, à la Nouvelle-Orléans, la rencontre des traditions noires africaines déportées en Louisiane et des cantiques protestants et autres airs populaires pratiqués par les blancs a donné naissance à une musique originale par sa manière de faire vivre le son et le rythme. Le mot jazz apparaîtra vers 1916.

TO SWING OR NOT TO SWING

    Le grand public en France, et cela est sans doute dû à nos traditions musicales occidentales, a la fâcheuse tendance de taper dans les mains sur les temps forts de la mesure à quatre temps (1er et 3ème). Faites l'expérience : comptez 1, 2, 3, 4 en écoutant un disque de Count Basie (Atomic Basie) par exemple et frappez dans vos mains ou claquez des doigts sur les temps faibles (2ème et 4ème), concentrez-vous et continuez jusqu'à ressentir au fond de vous-même ce balancement caractéristique qu'on appelle le swing.

MÉLODIE

    Le répertoire des jazzmen appelé standard est constitué en grande partie de chansons populaires américaines le plus souvent tirées de comédies musicales. Au départ ce n'est donc pas du jazz mais la façon dont les musiciens de jazz reprennent ces mélodies, les métamorphosent par l’incorporation du swing, une nouvelle couleur donnée à l’harmonie et l’usage de l'improvisation.

    En Europe nous avons nous aussi nos standards, et ce peut être une clé d'accès plus facile pour aborder le jazz lorsque l'on connaît les mélodies (voir le disque du saxophoniste Barney Willen "French Ballads" consacré aux plus belles chansons françaises, La vie en rosé. Les feuilles mortes, etc. et le disque du batteur Aldo Romano "Non dimenticar" ou l'on peut entendre les plus célèbres airs italiens, 0 sole mio, Volare,etc.)

CE SOIR ON IMPROVISE

    Les jazzmen sont les pros de l'impro, c'est bien connu, mais comment cela se passe-t-il en fait? Si l'on prend une formation du type quartet (saxophone, piano, contrebasse, batterie) jouant Les feuilles mortes, le sax va exposer la mélodie pendant que les trois autres (appelés section rythmique) vont tisser un canevas à la fois rythmique et harmonique servant de toile de fond au thème. C'est ce même canevas répété pendant tout le morceau qui va servir de base à l'improvisation. Le soliste improvisateur va désormais broder autour de la mélodie en utilisant tout le vocabulaire qu'il a en lui, fruit à la fois de la tradition du jazz mais aussi de sa personnalité qui fait de lui un être unique que l’on reconnaîtra à son discours. Un échange intense entre les quatre musiciens peut alors démarrer; ce mode de communication universel aboutit parfois à des moments magiques qui valent la peine d'être vécus aussi bien en tant qu'acteurs qu'en tant qu'auditeurs.

A CONSOMMER SUR PLACE

    Le jazz est une musique vivante, celle de la création dans l'instant et on ne comprendra jamais réellement ce qui se passe sans y être confronté directement. Privilégiez plutôt les clubs qui favorisent ce rapport étroit avec la musique et les musiciens.

    Si par la rédaction de cet article, je vous ai donné l'envie de goûter les plaisirs du jazz, le mensuel Jazzman vous permettra de situer géographiquement les clubs et de connaître le lieu et la date des principaux festivals et concerts. Si vous souhaitez découvrir le jazz par le cinéma, je vous propose d'aller voir Autour de minuit de Bertrand Tavernier et Bird de Clint Eastwood. Si vous désirez aborder le jazz par le disque, écoutez, parmi les grands classiques du jazz, Miles Davis (Kind of blue), Chet Baker (The last great concert), Ella Fitzgerald (Concert de Berlin)

René Séon (novembre 1995)